Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moutons nous procurera cette année au moins deux mille francs de bénéfice, et mes blés me donneront bien huit mille francs de revenu net, tous frais et consommation déduits. J’ai fait planter sur la pente du Malignon, dans les rochers, à la place des épines, une vigne qui me fournira dans deux ou trois ans du vin pour mes travailleurs. Songe qu’à part cet achat du vin, de quelques articles d’épiceries et du vêtement, la ferme fournit à toutes nos dépenses. C’est la saine abondance de la vie agricole, où la richesse se présente sous sa forme primitive, où l’on a rarement besoin d’argent.

Édith, je dois l’avouer pourtant, est devenue plus coquette. Mais une robe de toile claire, des manches de mousseline, quelque charmant fichu : voilà sa toilette de toute la saison, et tu me trouveras vêtu de coutil des pieds à la tête.

Et maintenant, mon ami, avec ce revenu de dix mille francs, en moyenne, qui chaque année doit recevoir une augmentation par l’adjonction de guérêts nouveaux, nous pouvons commencer enfin l’exécution de notre plan le plus cher, c’est-à-dire réaliser la conception d’Édith, l’école buissonnière.

Nous avons au rez-de-chaussée, entre cour et jardin, une grande salle largement vitrée, vide encore et que nos gens et les habitants du pays appellent notre église, ne pouvant deviner à quel usage nous la destinons. C’est notre église en effet. C’est là que nous rendrons nos devoirs à l’idéal, en guidant selon nos forces l’humanité dans ses voies. Édith s’est procurée dès l’année dernière un brevet d’institutrice de première classe. Une jeune