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ouvrages nouveaux de quelque valeur, science, philosophie, ou littérature, qui viennent à paraître ; mais c’est l’hiver que nous lisons le plus. Dans l’été, science, poësie et philosophie vivent surtout en nous et autour de nous. Tous les dimanches et tous les jeudis, le soir, nous nous réunissons aux domestiques pour une ou deux heures, après le souper, et tantôt nous causons seulement avec eux, tantôt nous leur lisons, en les développant, des faits récents ou anciens qui peuvent les intéresser et les instruire. On leur fournit aussi des livres le dimanche. Mignonne apprend à lire à ceux qui ne le savent pas. Cette bonne fille est devenue avec nous plus simple et plus gaie. C’est elle qui tient le linge de la maison et qui fait les repassages ; elle veille à la propreté des chambres, au ménagement des fruits. Elle serait, en un mot, notre femme de chambre, si nous ne faisions nos chambres nous-mêmes, Édith et moi. L’autre servante fait la cuisine et soigne les volailles, concurremment avec Édith, qui tous les printemps s’occupe des couvées. Ma chère femme prend beaucoup de peine, surtout pour l’enfant ; mais le rôle de mère lui sied à merveille, et ses joues, pâles autrefois, ont maintenant le coloris de ces petites roses des haies, les plus pâles des roses roses, mais les plus suaves.

Après quatre ans et quelques mois de travaux, ma ferme des Bruyères compte actuellement cent vingt hectares en rapport, et de nouveaux défrichements s’y ajoutent chaque année. Elle fournit avec abondance la nourriture du bétail, et celui-ci nous rend le fumier nécessaire à l’engrais des terres. La vente de nos poulains et de nos