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mon agent ; il avait compris mes plans, et son désir de les exécuter n’avait d’égal que sa joie de m’être utile. Nous nous concertâmes. Le défrichement opéré comme à l’ordinaire, en arrachant la brande à l’aide de la pioche, eût demandé des années et coûté beaucoup. Nous achetâmes douze bœufs vigoureux et deux grandes charrues. Leyrot loua quatre domestiques et se chargea de tout loger dans sa ferme vide. On se mit à l’œuvre alors, et, à partir de ce moment, pendant dix-neuf mois, sauf par les grandes pluies ou la sécheresse extrême, ces deux grands attelages passèrent sur la brande, qu’ils soulevèrent et ensevelirent sous les guérets.

Leyrot travaillait et surveillait tout, avec autant d’ardeur qu’il en eût eu pour lui-même ; il s’entendait avec Édith, qui me transmettait ses comptes, ses observations, ou ses embarras. Pendant ce temps, moi, j’étais à Grignon, prenant part à tous les travaux, étudiant dans ma chambre, assistant aux classes, ne me rebutant de rien, encouragé par les lettres de ma fiancée et par mon but lui-même, que je fixais constamment. J’y restai une année ; puis je voyageai en France, en Angleterre et en Allemagne pour visiter des fermes célèbres et comparer les différents procédés, les diverses applications.

En septembre 1848, je revins au Fougeré. Sous la direction de M. Plichon, ma ferme s’était bâtie et l’intérieur s’achevait. Outre une dizaine d’hectares, ensemencés déjà, la plupart en légumineuses, pour la nourriture du bétail, quarante hectares défrichés étaient prêts à recevoir la semence. Je venais diriger ce nouveau travail.

J’achetai du fumier et quatre juments du pays pour les