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pour moi ce dernier trait est indispensable. Il vaut donc beaucoup mieux que j’épouse une femme qui possède cela que de risquer d’en aimer une autre qui n’ait rien.

Tu te crois heureux pour l’éternité ; mais on le croit toujours, mon cher. Et qui assure, que tu ne te lasseras pas de ta belle Édith, comme tu t’es lassé de Blanche ? L’amour passe toujours ; l’indépendance et les plaisirs que donne la fortune restent. Je ne veux pas te désenchanter. Je me défends un peu par avance, et voilà tout.

J’espère que tu voudras bien être mon témoin, et je t’attends au plus tard le 19 au soir. Nous partons aussitôt après le mariage pour une terre que ma future possède en Westphalie.

À toi,
Gilbert de Valencin.


SOIXANTIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

15 janvier 1847.

Oui, je te blâme, et cruellement ; car tu me fais souffrir dans mon estime pour toi. Tu n’as pas réfléchi, Gilbert. Une panique te pousse à cet acte odieux. Épouser une femme que dans ta lettre précédente tu qualifies toi-même de méchante bossue ! une femme dont tu n’auras pas d’enfants ! n’est-ce pas le mépris du mariage porté jusqu’au sacrilège ? Tu ne peux pas être heureux ; car je te connais mieux que tu ne fais toi-même. Tu étais bon, fait pour sentir vivement les bonheurs de la famille. Le