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adoré de loin, une folie me prenait, et je ne pouvais croire qu’elle était à moi, ou j’étais sur le point d’en crier de bonheur.

Après dîner, je fis signe à maman, et l’emmenai dans la bibliothèque, où je lui dis tout. Elle me sauta au cou en poussant un cri de joie.

— Ah ! mon cher enfant ! j’y avais pensé ; mais je ne croyais pas que ce fût possible. C’est en effet mon Édith qui doit être votre femme ! Elle sera donc heureuse ! moi, qui en désespérais. Blanche, comme vous le dites, trouvera, j’espère, un autre mari, mieux en rapport avec elle. Et vous ne nous quitterez pas, William !

— Le mari de Blanche, lui dis-je, est sous votre main si vous le voulez, riche et très-amoureux.

— Prosper ? demanda-t-elle. Ah ! sans doute ; mais… le moulin !

— Je la raillai de ses préjugés, et lui fis sentir que, pour marier richement une fille sans dot, il faut faire quelques sacrifices. On obtiendrait du père de Prosper la moitié de sa fortune, c’est-à-dire environ cent cinquante mille francs, en faveur de cette noble union, et quant à Prosper lui-même, il n’aurait d’autres volontés que celles de Blanche ; car elle était le rêve, l’étoile de ce pauvre garçon, que la veille même, à dix heures du soir et par une forte gelée, j’avais rencontré immobile dans l’avenue, occupé à contempler la fenêtre éclairée de celle qu’il aimait.

Maman enfin se chargea de tout arranger près de son mari. Le scandale d’une rupture, qui était la grande préoccupation de M. Plichon, se trouvait sauvé par la