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NEUVIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

20 juillet.

Au nom de l’amitié, mon cher William, reviens, nous avons besoin de toi, sur-le-champ. Il nous faut ta signature, afin de ne rien ébruiter, ce qui serait fâcheux. Je serais allé te chercher si mon maudit chef ne m’avait refusé net le congé dont j’avais besoin pour t’aller trouver à l’autre bout de la France. Ta place est ici pour régler tes affaires honorablement. Mon cher, je ne comprends pas ton insouciance ni ton désespoir, quand je te vois l’homme que tu es, avec de telles facultés, une si brillante imagination et vivement aimé ; car tu possèdes, moi en tête, de véritables amis. Delage, Léon et moi nous t’attendons avec impatience ; nous ne comprendrions pas, et personne ne comprendrait, que le courage pût te manquer. Nous nous devons à nous-mêmes et à la société de savoir souffrir les plus cruels revers, sans faillir à notre tâche. Si tu n’aimes pas la vie, tu as des devoirs à y remplir ; tu peux être utile aux autres. Je sais bien que ce n’est pas ta ruine qui t’accable ainsi ; mais si tu aimes décidément cette jeune Blanche, pourquoi ne l’épouserais-tu pas ? Voilà l’avenir qui te manquait. Écris-moi tout de suite, mon très-cher, et surtout viens vite.

Ton bien dévoué,
Gilbert.

P. S. Et moi aussi tu me fais souffrir !