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— Et moi, je vous dis que vous ne partirez pas. Je ne vous laisserai pas aller seul, abandonné… Ne comprenez-vous pas que j’en mourrais d’inquiétude ? Restez, Marc, et bientôt, chez moi, vous serez chez vous.

Que n’allait-il s’engager à la porte Saint-Martin ? Je faillis le lui dire ; mais Clotilde ne m’eût pas cru et se fût défiée de moi. Ils unissaient leurs mains de l’air de ravissement obligé en pareil cas, lorsque je m’avançai : — Clotilde, lui dis-je, M. Forgeot n’est pas libre de s’engager à vous. Moi aussi, ce matin, j’ai reçu une lettre : M. Forgeot est gravement impliqué dans le procès qui va s’ouvrir et doit songer, soit à se mettre au plutôt en sûreté, soit à se justifier des soupçons qui planent sur lui. Dans une situation semblable, sa délicatesse ne lui permet pas de recevoir votre engagement.

Le regard que Forgeot me lança ne fut pas mortel ; mais eût voulu l’être.

D’où tenez-vous ces nouvelles. Monsieur ?

— D’un ami.

— Puis-je savoir ?…

— Non, dis-je en accompagnant ce refus d’un tel coup d’œil, qu’il vit en moi un ennemi bien décidé à rompre ses feintes.

— Je pars, dit-il. Vous voyez déjà. Ce monsieur a besoin de votre héritage.

En souriant, je lui répondis :

— Quand vous vous serez justifié des soupçons qui pèsent sur vous, on verra si vos insultes valent la peine d’être relevées.

Il est certain que j’agissais ainsi sans rien savoir, mais