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— Marc, je ne veux pas que vous partiez.

— Mon devoir me l’ordonne, répliqua-t-il.

Et il monta dans sa chambre.

— William, dit maman, qu’il n’aille pas prendre congé de mon mari et l’instruire de cette nouvelle, M. Plichon n’est pas encore assez fort pour l’apprendre. Cela le tuerait.

Je courus sur les pas de Forgeot, accompagné de Clotilde.

— Je n’osais pas aller dans sa chambre, me dit-elle ! mais je vais y aller avec vous.

Je vis qu’elle avait la tête montée au diapason le plus haut :

— Soyez donc tranquille, répondis-je, il ne partira pas sans déjeuner.

Elle répliqua naïvement : — Vous croyez ? n’ayant conscience ni de mon intention ni de ce qu’elle disait elle-même, son imagination étant par avance à ce qui allait se passer.

Le cousin Marc ne s’était point hâté d’aller trouver son hôte ; il traînait sa malle dans sa chambre comme nous entrions, et l’arrivée de Clotilde ne le surprit guère, bien qu’il fit un geste tragique en l’apercevant.

— Marc, je veux savoir vos projets, vos ressources, tout. J’ai droit à votre confiance. Pourquoi vous presser de partir ?

— Ah ! trop chère Clotilde, ne comprenez-vous pas mes remords, en présence de cette famille qui me doit sa ruine ?

— Mon ami ! mais ce sont de nobles cœurs ; ils vous excusent ; ils vous pardonnent. Vous n’êtes point cou-