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ques sacs de grains ou de pièces d’argent. Mais M. Plichon la repoussa, la traitant de folle.

— Mon père, dit Édith, avancez-moi ma pension de l’année prochaine, et vendez-leur ce grain au prix du marché.

— Veux-tu que je te casse la tête, cria-t-il en écumant ; prends garde, mon fusil a besoin de partir.

Il était réellement fou, et fou furieux, au point que je demandai à Mme Plichon si elle m’autorisait à le désarmer, et à le réduire à l’impuissance.

— Non, me dit-elle en frémissant, attendons ; tout ce que je puis sur lui, je l’essayerai.

Les coups recommençaient et devenaient furieux : la porte s’ébranlait. Édith se retira en disant à son père que, s’il tirait sur ces pauvres gens, il la trouverait au bout de son fusil. Comme pour répondre à cette menace, M. Plichon s’élança aussitôt à l’étage supérieur, en ordonnant à Jean et au jardinier de le suivre ; mais sur un signe de maman ils restèrent, et seule elle courut sur ses pas. Je ne savais plus où était Édith, et j’eus peine à m’arracher des mains de Clotilde et de Blanche que Forgeot ne rassurait guère.

Et à ce propos, si l’on avait eu le temps de rire, il faut dire qu’il faisait la plus drôle de mine, partagé entre ses angoisses et la crainte de paraître lâche aux yeux de Clotilde ; il proposait toutes sortes d’héroïques résolutions, qu’il trouvait ensuite moyen de ne pas exécuter.

Parvenu en haut de l’escalier, j’entendis les éclats de l’entretien qui avait lieu entre M. Plichon et sa femme dans une chambre du premier étage, et, courant à la fe-