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Il s’enfuit en courant, avant que plein de surprise j’eusse pu lui répondre. Je rentrai au moment où les domestiques éperdus venaient barricader la porte du jardin. Comme dans beaucoup d’anciennes demeures, les fenêtres sont garnies de volets à l’intérieur. On les fermait aussi ; partout devant mes pas, l’obscurité se faisait et j’eus à peine le temps de reconnaître toutes ces pâles figures, bouleversées par la terreur. Édith n’était pas là ; mais nul danger ne la menaçait encore. Je sentis les mains de maman qui cherchaient les miennes :

— William, nous sommes perdus ; je connais mon mari ; tâchez d’obtenir qu’il cède.

— N’avez-vous pas sur lui plus d’influence que moi ? répondis-je.

— Hélas ! dit-elle, jusqu’à la bourse, comme toute amitié vulgaire.

— William ! s’écria Blanche en se jetant dans mes bras, je suis folle de peur !

— Ce n’est pas le moment, ma chère enfant, dis-je en la déposant sur un fauteuil. Nous avons tous besoin de courage et de sang-froid.

Clotilde, évoquant tout haut les idées les plus funestes, passait d’une chambre à l’autre en poussant des gémissements, comme si elle se fût chargée d’énerver tout le monde. Le cousin Marc était tout petit garçon et ne disait mot, bourré sans doute de pensées qu’il ne voulait point émettre. Il aidait maman à consolider la porte d’entrée, où l’on frappait toujours.

Je trouvai dans la cuisine M. Plichon, occupé à haran-