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Elle monta les deux marches qui vont du jardin à la maison et disparut dans l’ombre du corridor. Je vis une nuée de ténèbres descendre sur moi et je sentis mon cœur s’en aller. Il était tard, je crois, quand je rentrai. J’étais calme. Nous rîmes beaucoup des plaisanteries de Forgeot, qui a souvent de l’esprit. Ces dames montèrent à leurs chambres, je restai seul avec M. Plichon.

— Je trouve. Monsieur, lui dis-je, que vous avez raison ; il faut que ce mariage se fasse au plus tôt. Veuillez vous-même fixer le jour le plus proche.

Il fut étonné, mais content, et me dit que ce qu’il aurait craint par-dessus tout, après l’esclandre qu’avait faite la rupture du mariage de sa fille aînée, c’était que pareille chose arrivât à la cadette. Il était certain maintenant que tout irait bien, que le mariage et l’état de père de famille me rendraient plus positif. Il possédait assez, d’ailleurs, pour doter ses petites-filles, et si Blanche n’épousait pas un pair de France (c’était une idée de Forgeot), elle épousait du moins un grand nom, ce qui allait bien avec la richesse. Il parla comme cela pendant une heure, et me quitta fort attendri.

Je joins à cette lettre, mon cher ami, toutes les indications et les demandes nécessaires pour que tu puisses m’expédier promptement mon acte de naissance et les actes de décès de mon père et de ma mère. Fais, je t’en prie, diligence. On désire publier les bans le plus tôt possible.

Je te félicite d’être enfin arrivé au but que tu ambitionnais depuis si longtemps, et je te désire, mon très-cher Gilbert, un véritable bonheur. C’est peut-être le hasard qui le donne. Adieu.