Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même : N’ai-je pas raison ? Tout ne sera-t-il pas mieux ainsi ? Je le ferais peut-être, sans ce Forgeot, qui est toujours là.



CINQUANTE-TROISIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

20 décembre.

Tu m’inquiètes, mon cher William, je ne reçois plus un seul mot de toi. Que deviens-tu ? Voilà quinze jours que tes confidences, autrefois si abondantes, ne m’arrivent plus. Es-tu définitivement détaché de ta fiancée ? Triste exigeant, va, éternel rêveur. Ah ! mon cher, l’imagination est un don bien précieux, mais la nature le vend trop cher à ses favoris. Il faudra donc que je te voie tout effleurer, sans jamais te fixer à rien. Heureusement, ton avenir ne m’inquiète plus, car le mien est fixé. Enfin, mon bien cher, j’épouse Olga. J’ai sa promesse, et je viens de donner ma démission ; car tu comprends comme nous que l’époux de la princesse Vanilisikow ne peut rester sous-chef de bureau dans un ministère. Ministre, à la bonne heure, je ne dis pas. La chose ne serait pas tout à fait impossible. J’ai un salon à Paris ; une terre dans quelque département ; je répands des bienfaits, je suis nommé à la chambre ; le reste dépend de moi, ou des caprices de la fortune, qui souvent porte au pouvoir des gens plus inconnus, moins bien préparés.

Mais laissons cela aux temps à venir. Mon mariage a lieu dans un mois et il va sans dire que tu es mon pre-