Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’autres fragments reviennent sur cette idée et la complètent, entre autres celui-ci :

« Il faut bien que l’homme sache l’histoire de l’humanité. Mais pour l’enfant cette histoire est peu saine. L’enfant est l’espoir des temps, l’homme de l’avenir. Lui faire connaître avant sa maturité les erreurs et les crimes des anciens — ou plutôt des trop jeunes — humains, n’est-ce pas infuser dans son sang les germes de maladies, déjà trop héréditaires ? Tant de guerres, de massacres, de rapines, de conquêtes, tant de violences, tant de faux orgueil sont-ils bien propres à former une âme à la justice et à l’égalité ? L’histoire écrite pour les enfants serait un recueil de beaux caractères, de faits d’héroïsme ou de vertu ; ou bien, à l’exemple de Bossuet, mais non dans le même esprit, une esquisse à grands traits de la marche progressive de l’homme, depuis son berceau, jusqu’à nos jours. »

Elle et moi nous pourrions ensemble réaliser tout cela ; je deviendrais avec elle un homme nouveau. Je me ferais agriculteur ; je prêcherais d’exemple les nouvelles méthodes, et, tandis qu’elle jetterait dans les âmes la bonne semence, je transformerais en grenier d’abondance la lande inculte. Édith, mon Édith, vous n’y pensez pas de sacrifier à un vain engagement ce noble avenir.

Ah ! que je l’aime ! je ne puis sortir de ma chambre que pour la revoir. La vue de sa sœur me fait mal et je l’évite ; je dois leur sembler étrange. Il me prend parfois l’envie de penser tout haut, d’exposer la vérité de ma situation devant tous, et de leur dire, à Blanche elle-