prennent pas ce que dit le livre ; ils écrivent ; mais les messieurs se moquent des lettres qu’ils font. Il leur faut une plume pour compter ; mais leur père compte de tête plus vite et plus juste. Ils n’aiment plus autant la terre et sont moins durs au travail.
« On ne peut savoir d’eux le nom d’une herbe, ni ses propriétés. Ils ne savent pas pourquoi tel pré ne donne pas de foin, et ce qu’il faudrait y faire.
« Leur père a beau les interroger, ils n’ont rien à lui apprendre. Pour ce qu’il doit leur enseigner lui-même, ils sont en retard.
— « Les discours officiels se félicitent des progrès de l’instruction primaire. Ils devraient dire à quoi elle sert. Quant à moi, je n’ai rien trouvé à répondre à ce paysan qui hier me le demandait.
« Un peu de science pratique et de poésie : voilà ce qu’il faudrait au fils des champs.
« Quand je serai sortie de cette prison, d’où je puis seulement contempler la vie, voilà ce que je ferai :
« Je prendrai un brevet d’institutrice et j’achèterai une maison, à l’extrémité d’un village, au milieu des champs.
« Là, j’appellerai les enfants, garçons et filles, et la rétribution des plus riches me servira à nourrir ceux qui n’auront pas de pain.
« La classe du matin consistera en une heure d’exercice de lecture ; mais, auparavant, je leur aurai lu quelques pages, intéressantes pour eux, qui leur feront comprendre à quoi sert de savoir lire et qui exciteront leur désir d’apprendre.
« Alors commencera l’école buissonnière : nous irons