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« — Moi, si j’osais appeler à témoin l’intelligence qui a conçu les lois de l’univers, je lui dirais : Vois ce que l’homme a fait de ton œuvre : l’abondance des trésors de la nature fait gémir le travailleur ! il triomphe sur le sillon vide.

« Je sais que le temps viendra où l’on s’étonnera de tant de folie. Mais, d’ici-là, mon Dieu, que de souffrances et de larmes ! Le temps viendra ; mais seulement à l’heure où nous l’appellerons. Si je pouvais l’appeler ? Il faut que j’en trouve la force. »

ÉCOLE BUISSONNIÈRE.

Septième fragment : « L’enfant du pauvre ne va pas à l’école.

« — Il y a des places gratis, — Fort peu ; mais, qu’importe ! il n’a pas de pain ; sa mère et ses petits frères n’ont pas de pain. Il n’a pas le temps d’aller à l’école ; il faut qu’il mendie.

« Beaucoup d’autres enfants, qui ne mendient point, n’ont pas le temps non plus. Ils vont garder le bétail, ou les volailles, que la mère élève pour les vendre, afin de ne pas mendier.

« Et puis les paysans se demandent : À quoi ça sert-il d’aller à l’école ?

« Après des dépenses de temps et d’argent qui sont grosses pour eux, ils voient revenir leurs enfants vaniteux, quand ils étaient humbles, rêvant de la ville et d’un peu de luxe, parce qu’ils ont appris que Sémiramis ou Néron avaient des palais. Ils savent lire ; mais ne com-