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« Cela m’a consolée : l’animal a reçu sa loi ; l’homme doit trouver la sienne. Il part de plus bas que l’immondice, mais pour s’élever plus haut que l’innocence. »

Quatrième fragment : « Je viens de lire un article où don Juan est représenté comme un chercheur d’idéal en amour ; n’est-ce pas plus que spécieux ? C’est un résultat de ces travaux d’épluchage auxquels se livre notre siècle, faute de mieux, sans doute, ou de ce charlatanisme qui recherche le bizarre, à défaut du vrai. Don Juan ne poursuit que le plaisir dans la variété. Il n’a ni la patience ni l’attention qu’exige toute étude ; il ne cherche pas, il court. C’est le type du libertin ; qu’il reste à sa place.

« Mais… la loi de progrès et de changement qui semble régir toutes choses, régit-elle aussi l’amour ?

« Si cela est, les plus ardentes croyances de l’âme humaine ne sont qu’illusion, et les liens les plus forts qui unissent les hommes sont brisés.

« Mais si l’amour doit se borner à un seul être, l’âme est donc arrêtée sur ce point dans son développement. Il n’est plus permis de comparer, de choisir ; plus d’idéal en cette voie.

« Cependant, tout le témoigne, faute de trouver dans l’être borné un aliment infini, l’amour s’éteint par la connaissance.

« Puisqu’il s’éteint, il peut donc renaître, il peut donc changer ? Mais peut-il s’éteindre complètement ? Pourquoi ce triple lien du père, de l’enfant et de la mère, si vivant, qu’on ne peut le trancher ni le dénouer sans que cela crie ? Est-ce bien tout dans l’amour que l’illusion ?