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vieillard se troublèrent, que la flamme un moment y brilla plus intense, puisqu’ils s’éteignirent et se fermèrent. Je m’aperçus alors que je serrais sa main un peu fortement, et je fis un effort pour détendre mes nerfs crispés.

N’est-il point mort ? me demandai-je en voyant sa face pâle et ses yeux fermés ; mais sa main moite restée dans la mienne répondait au battement de mes artères par un battement égal. Il dort, pensais-je, quand le vieillard se mit à remuer les lèvres et sa voix s’éleva un peu changée, douce et mystérieuse :

— Vous êtes en grande peine, me dit-il ; mais ayez patience et bientôt tout changera. Votre bonheur n’est pas loin de vous. Je vois passer la charrue où le ver travaillait seul ; il y a là-bas de joyeux enfants ; oh ! la jolie troupe ! Un ange est au milieu d’eux ; le pays prospère. Écoutez, me dit-il encore, écoutez bien ; je vais vous indiquer où est votre trésor, le trésor qui vous est réservé. Passez par la porte du jardin, franchissez le pas qui est en face et suivez le sentier jusqu’à la lisière du bois. Là, vous compterez les cépées à votre gauche ; — il compta lui-même : une, deux, trois, quatre…, neuf. Vous prendrez à gauche de la neuvième et suivrez tout droit. Là, sous un chêne, vous verrez le trésor qui vous est promis et il ne faut pas partir avant qu’il vous soit promis. Vous ne devez pas partir encore.

J’avais vu des magnétisés ; mais il s’était endormi si vite sous mon seul regard, que je ne pus croire à ce phénomène et je le secouai en l’appelant. Il sourit :

— Ce n’est pas ainsi que vous me réveillerez. Laissez-moi dormir encore.