Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SIXIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

Paris, 13 juillet.

Cher ami, nous avons retrouvé Frabert. Mais c’est le pire des coquins. Je sors tout bouleversé du cabinet de Delage où nous l’avons tenu plus de deux heures, espérant lui faire rendre gorge ; mais n’en pouvant obtenir que de faux comptes, de fausses assertions, l’effronterie la plus révoltante ! Malheureusement Delage assure qu’il est inattaquable, grâce à ta procuration, et qu’il serait inutile de lui faire un procès. J’en meurs de rage. Ses registres sont impossibles à vérifier autrement que par toi-même, et je sais bien que tu n’en feras rien. Tu es trop facile à tromper. Chaque somme retirée par lui coïncide avec un envoi qu’il dit t’avoir fait ; il présente des reçus à l’infini de toutes sortes de fournisseurs. Tous portent écrit : Pour le comte de Montsalvan ; mais le comte de Montsalvan a-t-il reçu livraison, c’est ce que personne, et surtout lui-même, je le gage, ne pourra dire. Il y a seulement pour l’hiver dernier plus de cent bouquets au Palais-Royal. Je pense que la plupart sont allés à l’Opéra ; car je ne te connais pas si galant. Ou, ma foi, on ne saurait avoir moins de maîtresses, et donner plus de bouquets. — Eh bien, tu vois, tu devrais m’écouter un peu ; il y a longtemps que je te suppliais de te défier de ce coquin.

Je te dirai plus tard où tu en es précisément ; mais