Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’honneur me le défend, à moins d’un consentement mutuel.



CINQUANTE-UNIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

5 décembre.

Il est une idée qui, depuis quelques jours, m’importune.

Je ne puis voir Blanche sans émotion ; jq ne puis toucher cette petite main, si souvent baisée, sans que le sang coule dans mes veines avec plus de rapidité ; sa voix, en même temps qu’à mon oreille, vibre dans mon cœur ; ses yeux, ses cheveux, tout son être sont pour moi quelque chose de précieux, de cher, d’intime. Je l’aime encore enfin, quoique avec beaucoup moins de fougue et d’enchantement. Autrefois, quand je songeais être son mari, c’était une ivresse inépuisable, et j’avais beau savoir qu’une des lois de la vie les plus inflexibles est que les impressions s’émoussent en se répétant, je mettais mon amour au-dessus de cette loi ; je le croyais un miracle. — Et maintenant, ce que je pressens n’est plus qu’un mélange de bonheur et de désespoir, la recherche insensée de ce que je sais ne pouvoir trouver. Nos âmes ne viendront point s’embrasser sur nos lèvres, et j’aurai beau l’étreindre, je ne la posséderai pas. — Eh bien, quand cette folie du sang et des nerfs sera apaisée, après ?…

Après ?…