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l’évêque. Toute la bourgeoisie des environs était déjà réunie au Fougeré. Je dus subir une présentation, dans laquelle on fit sonner haut mon nom et mon titre, et, après avoir salué tout simplement, j’allai dans un coin, d’où j’observai les plaisantes obséquiosités de M. Plichon vis-à-vis de Monseigneur, qu’il appela vraiment : Notre père spirituel, dans un de ses compliments.

Un moment avant qu’on servit, comme je passais près de la salle à manger, maman m’appela.

— Mon Dieu, William, venez donc répéter à Jean le nom des vins ; il ne peut pas les retenir.

Et elle retourna prendre sa place au salon près de l’évêque. Tandis que je m’évertuais à faire prononcer à Jean du mieux possible : Chablis, Beaune, Bordeaux, Xerès, Édith entra. Elle avait une robe grise et un col de dentelle, aucun bijou ni ruban ; mais la beauté de son cou d’un blanc de neige est admirable, et je n’en avais jamais été frappé comme hier ; puis, autour de ce beau front, il y a, dirait-on, un diadème invisible.

— Je pense, dis-je au mal appris valet de chambre, que vous savez maintenant votre leçon.

— Oui, Monsieur, je l’crois aussi, g’n’y a plus q’mes gants blancs qui me gênent.

Édith rit avec moi de l’embarras du pauvre Jean, et nous causions ensemble dans la fenêtre, quand suivi des convives et accompagné de Mme Plichon, l’évêque entra. Ses yeux se fixèrent sur nous :

— C’est ma fille aînée. Monseigneur, dit maman.

Édith salua légèrement et peut-être l’évêque crut-il l’avoir déjà rencontrée.