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QUARANTE-HUITIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.


1er décembre.

Le grand jour est arrivé. Le soleil se lève à peine et j’entends la voix bruyante de M. Plichon qui donne des ordres en bas. L’évêque remplit déjà cette maison ; il est dans toutes les pensées, dans toutes les démarches, et l’accent empressé des voix émues le nomme, ou plutôt le rappelle à chaque instant. Il n’y a qu’Édith et moi que l’événement laisse fort calmes.

Voici ma lande qui s’éclaire : de grands jets de lumière frappent l’horizon ; puis des filets d’or s’allongent obliquement sur la bruyère, dont ils font reluire le vert jaunissant. Maintenant, comme par un grand coup d’optique, tout resplendit à la fois. Il ne reste plus d’ombre que d’épaisses bandes bleues à la lisière des bois. Les troupeaux de brebis arrivent en hélant, les grands bœufs roux mugissent, et la voix des bergers retentit harmonieuse dans l’air du matin.

2 décembre.

La journée d’hier a passé comme passent toutes les splendeurs de ce monde, et déjà ce matin, après un déjeuner un peu froid, l’évêque est parti. Elle marquera toutefois dans les fastes des tournées épiscopales, et quand je songe quelle fille terrible a produit ce brave bourgeois,