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qu’en effet elle serait venue. J’ai failli dévorer, en arrivant, sa petite main, et j’eusse voulu la serrer sur mon cœur, la chère et bonne fille. Eh bien, elle ne lira pas, si ça l’ennuie ; mais elle m’aimera, et elle aimera encore les pauvres et les affligés, sans parler de leurs maux aussi bien qu’Édith, mais en les soulageant mieux. Et moi, qui avais osé les comparer, l’une à l’autre, en souffrant secrètement de l’infériorité de ma fiancée !

Ah ! si vraiment l’accord est impossible, je préfère, moi aussi, le cœur à la tête, et j’adore ma Blanche plus que jamais.

30 novembre.

Je viens de recevoir un coup dont je suis encore tout étourdi. Nous causions. Blanche et moi, dans la salle à manger, tandis que maman allait et venait, surveillant le déjeuner. Nous causions de religion. Quand l’occasion se présente, maintenant, d’aborder avec elle les sujets sérieux, je ne la laisse plus échapper ; ce qui l’impatiente, je le vois bien ; son affaire à elle serait éternellement ce doux babillage d’amour, où s’échangent au vol de furtives caresses. Elle me dit enfin avec une vivacité, où se mêlait beaucoup d’impatience :

— Eh bien, quand même vous me prouveriez que je ferais mieux de renoncer au catholicisme, je ne le ferais pas, parce que, pour une femme, c’est très-mal vu, et je ne veux pas me faire remarquer ainsi.

— Vous avez tort, lui dis-je un peu sèchement, ces choses-là n’ont rien à faire avec l’opinion, et…

— Non, reprit-elle avec humeur, je ne sais pas pour-