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bœufs rouges et les vaches qui paissaient. Depuis mon retour au Fougeré, je ne l’ai pas vue plus qu’auparavant et, si j’en excepte quelques regards d’intelligence échangés à table dans les discussions, nous n’avons eu guère plus d’intimité. Je lui en voulais un peu et j’allais la quitter après quelques mots polis, quand elle étendit la main vers moi, me disant :

— Où allez-vous donc ?

— J’aurais craint de vous gêner en vous imposant ma présence plus longtemps, lui ai-je dit.

— Vous n’avez pas d’autre raison ?

— Aucune.

— Vous n’alliez rejoindre personne ?

— Je me promenais, et, comme on trouve qu’il fait déjà froid……

— Oh ! répliqua Édith en souriant, ma tante et son élève Blanche ont toujours tenu à honneur de suivre à la campagne les coutumes de la ville. Aujourd’hui, cependant, le soleil est chaud.

— Vous avez oublié votre chapeau ?

— Cela ne me fait rien.

— Et votre teint, dis-je en admirant son extrême blancheur, vous n’avez donc pas de coquetterie ?

— Non. Que voulez-vous que j’en fasse ?

En même temps, elle me prit le bras et m’entraîna dans la direction du châtaignier où le vieux, comme on l’appelle, a bâti sa hutte circulaire. Elle tenait à la main un livre sur lequel je lus : Fables de la Fontaine.

— Vous allez consulter le sorcier ? lui demandai-je.

— Précisément. Vous le connaissez ?