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QUATRIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

Paris, 12 juillet.

Mon très-cher, je ne puis mettre la main sur ton intendant. Il est à la campagne, à ce que me dit son concierge, mais on ne sait où. Il paraît qu’il serait l’amant d’une choriste de l’Opéra. Je crois que le drôle se permet de faire des folies par procuration, ou plutôt avec ta procuration. Mais il faudra bien qu’il revienne, et nous le serrerons de près, Delage et moi, car il va sans dire que nous acceptons le mandat que tu nous donnes. Mais il faut que tu nous envoies tout de suite une procuration nouvelle, où tu révoqueras celle donnée à Frabert. Après cela, nous agirons.

Je vois, mon pauvre ami, que tu es bien décidé à ne pas te laisser gouverner par les données du simple bon sens, qui a pourtant son mérite. Je crains qu’avec ta brillante intelligence et le cœur le plus généreux tu n’aboutisses qu’à te créer l’avenir le plus déplorable. Ton projet d’acheter une propriété à la campagne a du bon ; mais t’y plairais-tu longtemps ?

Je suis un homme horriblement positif, je l’avoue ; car il manque un trait pour moi au portrait de Mlle Blanche, un trait essentiel. Est-elle riche ou pauvre ? C’est qu’en vérité il ne te manquerait plus que de faire un mariage d’amour. Je me défie de ces parents si peu prudents, et je soupçonne que leur fille est sans dot et qu’ils te croient