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prenez pas du tout mon caractère, et c’est fâcheux, très-fâcheux. —

En parlant ainsi, je dégageai mon bras du sien et m’allai adosser contre un arbre, tout pensif.

Blanche, un peu inquiète, vint à moi.

— Qu’avez-vous donc, William ? Oh ! vous êtes un homme étrange ! On ne sait jamais quelle impression vous allez avoir. C’est pourtant une preuve d’affection que mon père vous donne, que nous vous donnons tous, de nous occuper ainsi de vos affaires, afin d’avancer notre mariage.

— Je vous en suis fort obligé, répondis-je amèrement.

— Voyons, William, reprit-elle en serrant ma main entre les siennes, et, en me regardant avec câlinerie : Soyez donc, je vous en prie, plus gentil que ça. Vous ne voulez rien faire pour moi ?

— Mon enfant, lui dis-je, ma chère enfant, vous ne comprenez pas l’action que vous faites. Vous tendez à avilir l’homme que vous aimez, ma pauvre Blanche. Mais si j’étais capable de faire, pour vous obéir, une action basse, je ne serais bientôt plus capable de vous aimer, songez à cela.

— Je ne vous comprends pas du tout, me dit-elle.

— Eh ! je le vois, et c’est là ce qui me désespère. Votre intelligence et la mienne sont étrangères l’une à l’autre, et ne se marieront, elles, peut-être jamais.

Ces mots la piquèrent.

— Je sais, répondit-elle, que j’ai beaucoup moins d’instruction que vous ; mais je crois avoir quelque bon sens, et je l’emploie heureusement à me préserver de ces idées