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geoise n’approchant à Sanxenay de la splendeur des Plichon, ceux-ci ont obtenu que Sa Grandeur logerait chez eux. C’est dans huit jours seulement ; mais les apprêts de cette réception ont déjà commencé, et l’on ne parle que de cela. Au déjeuner, m’étant permis de plaisanter M. Plichon sur sa déférence envers l’Église, il me répondit d’un ton assez bourru qu’il fallait prendre les choses comme elles sont ; que le clergé était un pouvoir établi ; que son autorité, si elle se contenait dans de sages limites, était respectable et nécessaire, puisqu’il fallait au peuple une religion ; qu’enfin, passer sa vie à faire de la critique n’avance à rien.

« L’évêque, a-t-il dit, est très-influent, comme ils le sont tous, et, de plus, il a son frère qui, vous le savez, est un de nos députés les mieux en cour. C’est donc un homme qu’on serait fort heureux d’avoir dans sa manche. »

Regrettant d’avoir provoqué une discussion qui s’engageait d’un ton peu aimable, je saisis l’occasion de parler d’autre chose, et, quand le déjeuner fut achevé, comme il faisait dehors un beau soleil, et que le temps était doux, je proposai une promenade au jardin et j’offris mon bras à Blanche. À ma grande surprise, on nous y laissa aller seuls, et, quand nous fûmes un peu loin, nous dirigeant vers l’allée des bois :

— J’espère, Monsieur, me dit Blanche, que vous n’irez pas faire l’esprit fort quand monseigneur l’évêque sera ici.

— Ai-je donné le droit qu’on me soupçonne d’inconvenance ? répondis-je.