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à Paris, dit le cousin Marc. Savez-vous que tante Clotilde lui a dit que c’était moi que vous aimiez, et le cousin en a paru très-content, et depuis ce temps il vous est beaucoup plus favorable, ce qui me donne à penser beaucoup ; hein ! qu’en dites-vous ? Cependant je ne pourrais jamais croire que tante Clotilde, qui nous est si attachée… Et puis enfin à son âge ! moi je trouve que ce serait ridicule. Et vous ?

Vous êtes fâché que je ne réponde pas à toutes vos questions, et vous me demandez toujours la même chose, si je vous aime bien. D’abord, Monsieur, papa m’a défendu de, vous dire trop de tendresses, et puis, je ne suis pas tout à fait contente de vous. Il me semble que vous ne vous occupez guère de ce que vous appelez votre bonheur. Vous êtes beaucoup plus occupé de vos idées que d’agir : vous vous découragez tout de suite ; cela vous répugne de solliciter, et vous qui prétendez m’aimer si fort, vous ne faites rien pour moi. Avec tout cela, je ne vois pas trop quand nous pourrons nous marier ; et pourtant votre séjour ici a fait causer un peu ; on s’est douté de la vérité, et mesdames Martin m’en ont fait à mots couverts quelques plaisanteries. Je n’ai pas avoué, bien entendu, car dans l’état des choses je ne puis rien dire ; mais ayez donc vite une belle place, et je me vengerai de toutes les taquineries dont on m’accable à cause de vous. Car je ne dis pas tout ; mais il y a des moments où j’ai du chagrin, allez ! Il y a des gens qui prétendent que vous ne parviendrez jamais, entendez-vous, William ! que vous êtes de ces caractères apathiques et rêveurs qui ne réussissent à rien, parce qu’ils ne veulent