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QUARANTIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

Hyère, 12 novembre.

Mon ami, j’en suis toujours au même point, ce qui est désespérant. Olga ne me donne jamais que des demi-promesses, des espérances reculées sans cesse. Elle veut, dit-elle, éprouver mon caractère, et puis elle est d’une coquetterie diabolique, et c’est à n’y pas tenir. Hier, elle m’a reçu en tête-à-tête dans son boudoir ; elle était couchée sur un canapé dans l’attitude la plus séduisante, et me regardait, avec passion. J’ai vu que c’était une épreuve, et j’ai été fort ; car elle est trop fière et trop chaste pour pardonner un manque de respect. Il faut dire aussi que j’étais rempli de jalousie par un mot de cet Italien maudit, qu’elle a renvoyé enfin, et qui a voulu se venger d’elle en me faisant croire… qu’il l’avait eue pour maîtresse, parbleu ! Nous nous sommes battus ; il n’a eu qu’une égratignure au bras, et moi rien du tout. Olga m’a appelé son chevalier, et m’a donné sa main à baiser, ç’a été tout. Elle m’a dit qu’elle avait chassé cet homme parce qu’il avait été audacieux. Pourquoi diable aussi prend-elle ces poses par trop orientales ? Et puis encore, il y a ici un comte portugais et un petit baron de nos compatriotes, pour lesquels elle déploie une amabilité désolante. Mon cher, cette femme-là ne m’aime pas. Je crois qu’elle cherche un mari seulement, et qu’elle