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pour être content de vivre. Elle-même, Blanche, m’en aimerait mieux ; nous nous comprendrions plus aisément.

Chimère nouvelle, n’est-ce pas ? C’est bien possible.

— Et ton mariage ? avance-t-il un peu ?



TRENTE-NEUVIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

9 novembre.

J’ai reçu, il y a déjà huit jours, une lettre d’Édith, dont je t’envoie la copie. Tu connais un de nos principaux libraires. Écris-lui ; peut-être seras-tu plus heureux que moi, qui n’ai pu arriver à rien de satisfaisant.

« Puis-je vous demander un service. Monsieur ? Je le crois et serais fort étonnée de me tromper. Votre intimité dans ma famille vous a mis à même de comprendre que mes idées et mes goûts sont opposés en tout à ceux de mes parents, et que le seul moyen pour moi d’éviter d’incessantes querelles est de rester inerte et muette en leur présence. Vous reconnaîtrez aussi, je crois, qu’une pareille vie ne peut être supportée indéfiniment. Cependant, la force des choses, ou plutôt l’injustice de nos mœurs, me contraignent à rester dans ma famille et ne m’offrent en dehors d’elle aucune existence, aucun avenir. — Je ne veux pas me marier. »

« J’ai vingt-quatre ans ; je suis bien décidée à mourir ou à vivre ; mais je ne veux plus étouffer ainsi.

« Il n’est qu’un moyen d’indépendance, le travail.