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peut, toute la vie, nous mener à grandes guides sur une large route ; mais cela n’est pas, et tu cours, je le crains, à quelque choc fatal. Cesse de donner des bals, romps même, si tu m’en crois, ta pastorale, à moins que ta bergère ne soit sur le point de se rendre, même en ce cas, si tu es sage, et viens mettre ordre à tes affaires ; Delage t’y aidera.

Tu me reproches, malheureux, de ne pas t’avoir écrit depuis trois semaines, et tu ne m’avais pas donné ton adresse ; je ne savais ce que tu pouvais être devenu. Et que peux-tu faire là-bas dans ce petit port ? J’aurais bien des confidences à te faire, mon cher William ; mais ce sera pour une autre fois, car voici l’heure de me rendre chez ma princesse. Oui, mon cher, une princesse, et qui plus est une reine de beauté, avec des millions pour dot. Parfois, je crois rêver…, mais enfin, je suis loin d’être sûr encore… Viens donc, j’aurais grand besoin de tes conseils. Et cependant j’aurais peur qu’en te voyant…, car ce n’est pas en vain que la nature t’a créé comte, et moi ton très-humble serviteur.

À toi,
Gilbert.



TROISIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

12 juillet.

Il était temps ! Je gardais un calme héroïque ; mais je touchais à l’une de ces situations d’où l’on ne peut sortir que par un trait de génie, ou par un désespoir à la Vatel.