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— Cependant elle serait mariée depuis longtemps, dit-il, sans une déception… que vous savez sans doute ?

Ne voulant point avouer que j’avais été négligent à percer ce mystère, je fis un signe affirmatif.

— C’est un de ces chagrins dont une femme de cœur ne se console pas, dit-il en m’assénant avec ces mots un regard dur et plein de ressentiment. Du moins, je n’en crois pas capable mademoiselle Clotilde.

— Vous oubliez, Monsieur, que chez une femme de cœur le besoin d’aimer ne cesse qu’avec la vie.

Après lui avoir lâché à bout portant cette phrase dythyrambique, j’entrai brusquement dans la maison pour cacher mon envie de rire, et, l’abandonnant aux reproches de madame Plichon, qui l’accusait de s’être fait attendre, et d’avoir compromis le déjeuner, j’allai réjouir Blanche et Clotilde par le récit de notre conversation.

Clotilde en a ri beaucoup et me paraît trouver à l’imbroglio un charme extrême. Au fond, la bonne fille n’est pas si détachée qu’elle le veut dire du désir de plaire et du goût d’aimer.


TRENTE-TROISIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.


8 septembre.

Enfin, je sais le secret de la tante Clotilde ! Elle m’avait pris le bras hier dans le jardin et m’avait éloigné des autres, afin de continuer cette mystification, dont je finirai par être victime. Sur une nouvelle allusion qu’elle fit à ses chagrins, je saisis l’occasion et demandai solennelle-