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DEUXIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.
Paris, 10 juillet 1846.

Je viens d’expédier, mon très-cher, la somme requise par toi, que j’ai prise chez Delage, car tu sais que pour moi je ne suis jamais en fonds. J’espère bien que tu recevras à temps. J’irai voir Frabert, mais Delage est très-inquiet à son sujet. Il dit que c’est un fripon, que tu as tort d’avoir confiance en lui, qu’il mène grand train depuis ton départ, et qu’enfin tu ferais bien de lui retirer ta procuration. Je puis te dire également que la figure de cet homme-là ne m’a jamais plu. Il a des manières communes et fort peu de politesse. Il y a quelques jours, il est allé chez Delage pour retirer les sommes qui t’appartiennent, mais notre ami l’a refusé sous divers prétextes, et il m’enjoint de te recommander expressément de régler tes comptes avec Frabert. Je connais l’insouciance de William, m’a-t-il dit ; il prend sans compter depuis des années ; à ce train-là on se ruine vite, surtout quand on a affaire à un agent comme celui qu’il a choisi. Je lui aurais dit cela depuis longtemps si je l’avais osé ; vous qui êtes son intime, monsieur Valencin, il faut lui donner ce conseil, et insister pour qu’il le suive.

Il a raison, mon cher tu as toujours été trop insouciant des affaires d’argent, et trop généreux. Ce n’est pas à moi à m’en plaindre, je le sais ; mais pourtant, il faut avant tout penser à soi-même. Tu crois que la fantaisie