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causiez-vous, mes enfants ? Et, voyant que j’aspire sérieusement à établir entre Blanche et moi une union vraie, elle est tout émerveillée et fixe sur moi ses grands yeux doux, attendris. Maman, à quarante-quatre ans, est belle encore. Elle a une majesté pleine de grâce, le front et les yeux très-beaux ; ses cheveux noirs, brillants et souples, commencent à peine à se rayer de fils d’argent. Édith lui ressemblerait, si Édith pouvait ressembler à une charmante femme.

On prétend aussi que Blanche ressemble à son père. Comme une sylphide à un mortel… des plus mortels. Elle est blonde comme lui, voilà tout.

Ce brave M. Plichon n’a qu’une préoccupation ; ce sont les dégâts que commettent dans le jardin les poules du voisinage. Car il se trouve entre le bois et la plaine, à côté de la ferme et non loin du jardin, un hameau de quelques maisons, dont les habitants élèvent des poules, et c’est là que demeure la vieille Chollette. Ces poules, chassées probablement par la disette, qui doit habiter les cours aussi bien que les âtres de ces pauvres maisons, émigrent sur les terres de M. Plichon. Elles passent aisément par les brèches de l’enclôture, qui doivent exister depuis longtemps, car le lierre y enchevêtre ses réseaux, et de petits géraniums sauvages y croissent à plaisir. Déjà madame Plichon a dit vingt fois en ma présence :

— Léandre, il faudrait cette année relever les murs.

— Certainement, certainement ! répond l’ancien notaire avec impatience, j’y pense tous les jours.

— Mais tu ne le fais jamais.

— Pardieu, j’attends mes rentrées. Vous êtes char-