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LES DEUX FILLES
DE
M. PLICHON


PREMIÈRE LETTRE.

WILLIAM DE MONTSALVAN

À

GILBERT VALENCIN.


Bains de Royan, 8 juillet 1846.


Je suis perdu si par hasard tu n’étais pas à Paris. C’est une chose inconcevable : voilà trois lettres que j’écris coup sur coup à cet odieux coquin de Frabert, et pas un mot de réponse. Or, je suis sans le sou, et de plus engagé d’honneur pour une dépense immédiate, urgente ; enfin, ce serait un ridicule impossible. Juges-en : je donne un bal. Mais quelque chose de bien : girandoles, fleurs dans la salle et l’orchestre presque complet du grand théâtre de Bordeaux. On n’a rien vu de pareil sur cette plage, mon cher ; les têtes en sont tournées, et l’on en parle depuis huit jours. C’est pour lundi. Ça me coûtera plus de trois mille francs, et j’ai cinquante francs en caisse.

Si j’avais eu de quoi faire le voyage de Paris, je partais