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que sourire, éclat, amour ; l’amour, non comme tu l’entends, mais celui qui met à leurs pieds un homme plus beau, plus riche, ou plus titré, plus enviable en un mot, et surtout plus envié que les autres. Et je te la garantis coquette, en tout bien tout honneur, coquette par vanité, aimant à causer des martyres et non à les soulager. Tu te fâches peut-être ; tu as tort, et le verras bien. Promets-moi seulement d’être franc et de ne garder vis-à-vis de ton frère aucune réserve ; car je te dis tout cela pour abréger tes désenchantements. Et j’y joins ce bon conseil, mon cher ami, d’accepter ce qui est, parce qu’il n’y a pas autre chose et qu’il faut bien vivre.

Le bon côté ne manque pas d’ailleurs. Presque toujours la force des choses et celle de l’opinion font persister dans les voies honnêtes celles qui y sont nées ; on peut compter aussi sur le bon naturel des femmes qui, une fois mères, se prennent souvent à aimer leurs devoirs. Quant à Blanche, elle est de celles que l’imagination gouvernera toujours, quoi que tu fasses. Elle aurait pu se jeter à la mer, par désespoir amoureux, mais tu ne l’attacheras point par le seul empire du sentiment. Toi qui as l’imagination aussi vive qu’elle peut l’avoir, et probablement plus brillante, tu la conduirais par là, si tu le voulais ; mais tu es malheureusement incapable d’aucun calcul. Aussi, je te dis tout cela sans grand espoir ; mais j’ai beau faire, je ne puis prendre mon parti de te voir gâter en toute occasion ton avenir par cette fougue d’idéal qui t’emporte. Tu en viendras pourtant au point où nous sommes, nous, les gens raisonnables, que tu méprises. Déjà tu es plus