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seulement des mythes orientaux ; mais de tout ce fond vaseux de l’histoire humaine qui gît au-dessous des actes des héros ?

C’est qu’il s’agit pour moi, en ce moment même, de prendre un parti dans la question. Je suis plus fier que les Plichon, moi, et prétends n’être gouverné que par moi-même, par mon propre acquiescement à la vérité, qui que ce soit qui me la présente. Et je serais heureux, à mon défaut, que ce fût ma femme. Aussi n’ai-je accepté la permission accordée enfin de donner des leçons à Blanche qu’en me promettant d’employer tout mon temps et toutes mes forces à lui rendre l’esprit indépendant, sérieux, capable de saisir le vrai, partout où il se trouve, afin que je n’aie jamais à accomplir ce triste effort de me défier des caresses de celle que j’aime.

Hâte-toi, mon ami, de m’envoyer l’Histoire naturelle de Milne Edwards et Jussieu avec planches. Tu m’adresseras cela à Vivonne, d’où le facteur l’apportera. Tu ne m’écris plus du tout.


VINGT-SEPTIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

29 août.

Je parie, mon pauvre cher William, que tu vas maintenant te tourmenter l’esprit jusqu’à ce que tu aies détruit de tes propres mains le bonheur que tu t’étais fait. Je te l’ai toujours dit, mon cher, tu as l’esprit trop critique. Ou plutôt, ce n’est pas cela, il faut avoir l’esprit critique,