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fiancé. Aussi, quand, oyant ce rapport, elle se vit comme abandonnée, fut-elle un moment sans plus croire à rien ; elle vit les murs autour d’elle tourner, et il lui sembla que le monde avait changé de nature, et qu’elle était le jouet de quelque magie. Quand elle se fut un peu remise, elle changea de fichu et de tablier, pria sa mère de prendre patience, et s’en fut elle-même chez les Bénot. Comme d’habitude, le père était à son métier, dans la chambre basse ; mais elle trouva la mère devant la cheminée, appuyée sur le landier, et qui ne faisait rien, que regarder la clarté du feu, d’un air sombre.

En apercevant Mélie, une fureur passa dans ses yeux :

— Que viens-tu demander encore ? s’écria-t-elle. Ai-je pas déjà dit ce qu’il y avait pour toi ?

— Il faut que je sache pourquoi Baptiste ne m’écrit plus, répondit la jeune fille, si désolée qu’elle n’avait plus honte. Je veux le savoir.