Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taire ! les meilleurs s’y gâtent. Et comment feraient-ils, quand les camarades n’ont d’autre visée que de les entraîner dans toutes sortes de mauvaises pratiques ? Il n’y a pas à dire, on fait comme les autres, sans quoi l’on est tourmenté et vilipendé. Pour lors, une fois dans les mauvaises habitudes, on y prend goût, on n’a plus le courage d’en sortir et l’on y reste. Hélas ! j’en ai tant vu comme cela !

Il se mit alors à lui raconter toutes sortes d’histoires d’un tel et d’un tel, qui, après leur temps de service, n’avaient pas pu se remettre à vivre comme auparavant, et avaient fini par quitter le pays, en y laissant mauvais souvenir ; d’aucuns, partis courageux et sages, qui étaient revenus bambocheurs et paresseux ; d’un tel enfin, dont la bonne amie était demeurée vieille fille, pour l’avoir trop fidèlement attendu.

— Et de fait, monsieur, toutes ces histoires-là sont vraies, et vrai de même que le métier n’est point bon à faire d’honnêtes travailleurs.