Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus dur se fût gonflé de pitié, quand Mélie, avertie par le facteur, vint chercher sa lettre et pâlit en apprenant qu’elle n’en avait point. Surprise, et n’y pouvant croire, elle restait là stupéfaite, attendant malgré tout, et enfin elle dit :

— Serait-il malade ?

— Il ne l’est point, répondit la mère durement ; seulement, il n’aura pas eu le temps de t’écrire, et nous dit de te faire ses compliments.

Là-dessus, Mélie s’en alla, toute roide et toute pâle, voyant à peine son chemin.

— Vous ai-je dit qu’elle habitait un village qui est au-dessus du Trainchat, de l’autre côté de la rivière ? Car ils n’avaient pas même une maison dans le faubourg.

Quand elle eut passé le moulin et se vit seule, alors son cœur éclata, et s’enfonçant dans le fouillis de sureaux, d’aunes et d’églantiers, qui garnit les roches au-dessus de la rivière, elle s’affaissa par terre et se mit à sangloter.