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blait un trésor, s’ensauvait le lire dans un coin, et là, toute seule, affolée de joie et de tendresse, lisait, relisait, riait, pleurait, baisait la lettre à son aise, et y retournait chaque mot à sa façon ; car la pauvre fille adorait son fiancé. Depuis surtout qu’il était parti, elle en avait le cœur tout fondu d’amour ; elle craignait tout pour lui : la guerre, la dureté du métier, les fièvres, que sais-je ? Elle eût voulu le combler de bonheur, le dorloter de mille soins ; mais, ne lui pouvant donner que son cœur, le lui envoyait au moins dans ses lettres le plus qu’elle pouvait. Il n’est besoin de dire que le garçon répondait en même langage, et tout cela faisait grosse la lettre des amoureux, petite celle des parents, ce dont la mère était de plus en plus en colère.

Un jour que le facteur venait d’apporter la lettre de Baptiste, la Bénotte vit entrer chez elle un de ses voisins, du nom de Ruffin Marquet, mais que l’on appelait plus communément à cause de son état : le tailleur.