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bourgeois. Ils allaient même dîner une fois par an chez le juge de paix et chez le maire. Ça ne les empêchait pas d’être haïs des pauvres, durs et avares qu’ils étaient ; et la pire, c’était encore la mère de Tomy, qui s’appelait la Belsamine[1], vu qu’elle était née dans le temps où il n’y avait que des légumes ou des fleurs au calendrier. Mais c’était un nom trop long, et pour belle, d’ailleurs, elle ne l’était point, en sorte qu’on l’appelait la Samine tout simplement.

La Samine donc, et son mari le Françou Lagrange, n’étaient point de la ville, quoiqu’ils eussent des terres par ici, et même une maison ; ils se tenaient dans leur plus gros bien, qui est une ferme sise au Calo, et qu’habite à présent le fils aîné de Toiny Lagrange. Calo est un village à une lieue d’ici, du côté des Fades, et dans la direction de la rivière.

Si la Samine eût appris que son fils était

  1. Le peuple prononce Belsamine au lieu de Balsamine.