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cevant là-bas, agenouillé sur une tombe, et tout éclairé par la lune. Plus de cent l’ont vu comme moi.

Par les nuits d’hiver bien noires, où le vent mugit et se plaint, comme un troupeau d’âmes en peine, il se levait tout de même et s’en allait à tâtons au cimetière, et le vieux Grialou, qui demeure proche, m’a dit bien souvent que, ces nuits-là, ça le faisait frémir des pieds à la tête quand il entendait la porte du cimetière crier sous la main du vieux David. Pourtant, c’en était un, celui-là, à qui les morts en avaient à dire !…

Pour la Nanon, elle était pieuse, mais pas dévote. Elle allait bien à l’église tous les dimanches, mais pas plus souvent ; et je me rappelle qu’elle refusa net à M. le curé de travailler à la chapelle, disant qu’elle n’en avait pas le temps. Elle allait tous les jours garder ses chèvres et ses moutons à la Roche-aux-Fades, en filant sa quenouille, ou en tricotant son bas. À douze ans, elle était presque aussi grande qu’elle est maintenant, et