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vait tout en dedans et ne s’occupait point de ce qu’on disait de lui, n’ayant qu’une amitié, sa petite-fille Anne, comme il l’appelait ; mais nous disions, nous autres, Nany, dans le petit âge, et plus tard Nanon.

La Nany était orpheline. Son père, le fils à Jean David, était part, qu’il n’avait pas plus de quinze ans, pour défendre la République. Lui aussi, c’était un homme hardi, un des plus braves du bataillon corrézien, dont vous n’êtes pas sans avoir entendu parler, puisque c’était une troupe de volontaires qui fit grand honneur à notre pays. Sous l’Empire, après avoir fait toutes les grandes guerres, le fils à David était revenu, amenant avec lui une femme d’on ne savait où. Quand ce vinrent les nouvelles de la retraite de Russie, il fut bien étonné, mais resta tranquille : sa femme était enceinte, il avait commencé de labourer un petit champ… Mais, quand il apprit que les étrangers entraient en France : « Non, dit-il, ça ne sera pas ! » et, reprenant son fusil et son uniforme, il partit.