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coup, près du bord, ou bien sur un pont sans garde-fou, les envoie sauter, d’une poussée, dans la rivière.

Les laveuses qui vont avant l’aube, ou à nuit tombée, laver le linge volé, qu’elles n’oseraient, en plein jour, porter au lavoir, sont exposées à voir apparaître une petite vieille qui s’agenouille auprès d’elles, frappe à coups redoublés d’un battoir retentissant, puis s’offre pour aider à tordre le linge. La laveuse ne peut ou n’ose refuser, et alors commence un charme terrible : Une fois le linge saisi, la vieille ne lâche plus ; elle tord, elle tord sans fin et sans cesse ; et tandis que les forces de la laveuse s’épuisent, que sa poitrine se serre et que ses os craquent, elle voit flamboyer les yeux de la vieille et ses dents s’allonger dans un rire affreux. Et cependant il faut tordre, tordre toujours, longtemps après que le linge a rendu sa dernière goutte, et quelquefois jusqu’à ce que la laveuse ait rendu son âme.

C’est une rencontre pareille que fit la