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cœur et la tête, la fraîcheur de l’aube les alanguissait et même les faisait frissonner un peu. Quand tout autour d’eux se dégourdit, quand la rosée aveugle de la nuit, s’éclairant, argenta les feuilles et les herbes ; quand les oiseaux ouvrirent l’œil en bâillant et s’étirant, puis s’envolèrent brusquement pour aller chercher pâture ; quand les feuillages réveillés chuchotèrent, que l’orient rougit, que bruissements et cris peuplèrent les coteaux, que tout enfin reprit vie, alors nos deux amoureux sentirent bien qu’au fond ils ne voulaient pas mourir ; et la voix de la cascade, qui elle, de jour et de nuit, restait la même au milieu de tout changement, creuse et sombre dans le gazouillement de toutes choses, les épouvanta.

Ils redescendirent lentement la roche ; mais, en revoyant le moulin, Miette sentit tout d’un coup la différence de la liberté des hommes à celle des oiseaux ; — car nous ne pouvons, nous autres, vivre sans cage ; encore y mettons-nous au dedans nombre