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souci de moi ; je ne fais tort à personne. Je croyais avoir charge de ton bonheur ; mais ce serait à présent tout le contraire… laisse-moi donc partir.

Ils parlaient ainsi de douleur et de mort, ces deux enfants, dans cette belle nuit tiède, entre les fleurs et les feuillages qui frémissaient autour d’eux, près des nids d’oiseaux, dont ils troublaient le sommeil. La lune, qui montait, les semblait prendre en pitié, et les éclairant de sa lumière, se plaire à leur montrer l’un à l’autre combien ils étaient beaux, vivants et charmants. La cascade, couvrant leur voix, les obligeait de se parler de tout près, et par son mugissement semblait gronder leur folie ; jusqu’à des arceaux de ronces, qui, s’abaissant sur leurs têtes, à chaque souffle du vent, les forçaient de se rapprocher. Ils parlaient de se quitter, mais, ainsi embrassés, ne le pouvaient. Et puis, Pierrille avait à se justifier, Miette à pardonner, et tout cela demandait bien des explications et bien des serments.