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entendre parler de la grande révolution. Elle état déjà finie quand je suis venue au monde, mais on en parle encore, et on en parlera, je crois, longtemps. Le vieux David avait été un des plus enragés de ce temps-là. C’était un homme que je me rappelle comme si Je le voyais, quoiqu’il soit mort il y a près de trente ans : grand, fort, les épaules larges, mais voûtées, la barbe et les cheveux blancs, une figure droite, sévère, un œil… Dame ! quand il vous regardait, il n’y avait pas moyen de ne pas baisser les yeux. Mais il ne vous regardait guère, et passait sans parler, appuyé sur son bâton. Les enfants s’arrêtaient de jouer pour le suivre des yeux, tout sérieux et un peu transis, et ne recommençaient de faire du bruit que lorsqu’il était loin.

Moi-même, javais plus de vingt ans qu’il me faisait encore peur, tant on m’en avait dit de choses. Et pourtant, il commençait à s’amender à ce moment-là, et notre curé d’alors, un homme très-savant, commençait