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et parlaient souvent toutes à la fois. On n’a pas toujours si beau sujet de conversation, et ceux qui aiment à parler sont si contents d’en avoir un, quel qu’il soit, serait-ce un assassinat bien horrible ! La nature humaine, il faut l’avouer, n’est pas toujours bonne, même chez les gens qui ne passent point pour méchants. On aime l’extraordinaire et le nouveau, et la vie de nos villages n’en fournit guère ; si bien que, faute de se pouvoir satisfaire en bien, ce goût tourne à mal.

Miette, se rappelant donc tout ce qui s’était passé, pleura.

Comment se fit-il que les deux amants ne s’expliquèrent point ? Ce fut pourtant ainsi. Pierrille était là, bien touché, bien tendre, bien attentif ; mais ce n’était pas assez pour Miette. Aussi finit-elle par dire qu’elle avait besoin de dormir, les priant de la laisser seule, et disant qu’elle ne voulait point descendre et resterait là jusqu’au matin. La vieille femme, qui songeait à son souper, ne se fit prier, et Pierrille, n’osant rester