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teuse action ne venait pas d’elle, pas plus que l’arbre à fruit ne donne le poison ; pas plus que la violette ne peut répandre de mauvaises odeurs. Il la connaissait bien, lui ! c’était l’amie de son cœur ; sa Miette ! — Oh ! mais, comment cette horrible chose avait-elle donc pu se faire ? Il se sentait plein de rage. Comment la vengerait-il ?

Enfin, Miette poussa un soupir et peu à peu reprit vie. Sa pauvre âme qui, par indignation de telles avanies, avait voulu fuir ce vilain monde, y revenait malgré soi. Déjà elle ne se souvenait plus ; elle regarda ses amis avec surprise ; puis elle promena les yeux autour d’elle et, peu à peu, le lieu, les objets lui remirent la scène en mémoire… D’en dessous, montait un grand bourdonnement de voix, mêlées au bruit des assiettes et des cuillers. C’étaient les laveuses qui parlaient de l’événement ; l’accent aigre de leurs voix montait vers Miette et lui étouffait le cœur ; car cet accent portait de la haine. Et toutes ces langues ne s’arrêtaient pas une minute,