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De même, ensuite, elles plièrent les chemises et tout l’autre linge, et, comme le soleil était magnifique, presque tout sécha. Les laveuses eurent fini de bonne heure et rentrèrent pour souper avant la nuit. Déjà, il y avait sur la table une soupe fumante, avec les cuillers plantées dedans, toutes droites, et sur le feu, dans la marmite, un énorme rôti de veau qui répandait une réjouissante odeur. On allait se mettre à table et l’on attendait que la bourgeoise en donnât l’ordre ; mais elle allait et venait dans la chambre tout inquiète, les sourcils froncés, grommelant des mots toute seule, et ne cessant de compter son linge, qui était là en pile sur les chaises et les dressoirs.

— Je sais pourtant compter jusqu’à trente, dit-elle enfin, assez haut pour que tout le monde l’entendit.

— Est-ce qu’il vous manque du linge ? demanda une des laveuses, d’un ton inquiet.

Car, naturellement, ces femmes se font